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Examen de l’Orque errant dans la Seine

mise à jour le 16/07/2022

Phénomène rarissime, le 17 mai 2022 une Orque est aperçue remontant la Seine entre le pont de Normandie et Tancarville.
Afin d’assurer le suivi de cet animal, et notamment évaluer son état de santé, les services de l’État (préfet de la Seine-Maritime, OFB, SDIS), le GECC et le RNE (Pelagis) se sont concertés. Les possibilités pour la guider vers la mer ont été également étudiées. Le samedi 28 mai, une opération de guidage vers l’aval est organisée mais sans succès.
Les informations collectées au cours de cette opération, permettent de confirmer un état de santé particulièrement critique. L’orque est retrouvé morte à la dérive le lundi 30 mai.

Récupération de la carcasse le lundi 30/05

L’orque sera alors remorquée jusqu’à Rives-en-Seine pour y être examinée par les correspondants et experts vétérinaires du Réseau National Echouages (RNE). L’autopsie est réalisée le mardi 31 mai avec le soutien logistique remarquable des services de l’Etat.

Cette femelle immature de 4.26 m et de 1100 kg présentait une très mauvaise condition physique. La putréfaction déjà avancée a fortement compliqué l’examen. L’estomac était vide à l’exception de quelques griffes et vibrisses de phoque retrouvés, ce qui confirme qu’elle ne s’était pas alimentée depuis un long moment.

  • les analyses histologiques ont démontré l’absence de lésions microscopiques significatives et d’inflammation ou d’infection systémique (c’est à dire d’affection globale, qui pourrait expliquer en soi la cause de la mort du cétacé) ;
  • les examens et analyses menés n’ont pas confirmé le diagnostic initialement envisagé de mucormycose. Ils ont mis en avant la présence de Saprolegnia sp. sur la peau de l’animal (il s’agit d’un champignon commun présent en eau douce, qui ne peut être à l’origine du décès de l’animal) ;
  • lors du nettoyage final des chairs du squelette par les équipes scientifiques du MNHN, la présence d’une munition a été identifiée dans les tissus à la base du crâne de l’animal. L’étude est encore en cours car il n’est pas possible de dater le moment où la balle a pénétré le corps de l’animal. Aussi aucune lésion sur les os environnants n’a été identifiée, ni de signes de traumatisme. Il peut par conséquent s’agir d’une blessure subie par l’animal quelques semaines, voire plusieurs mois auparavant.

À ce stade, les premiers résultats amènent à privilégier l’hypothèse selon laquelle l’animal est mort d’état de faiblesse causé par le fait que l’animal ait cessé de s’alimenter (inanition) sans que l’origine ne puisse en être connue avec certitude. Une des hypothèses envisagées, parfois observée chez les mammifères marins, est celle de l’isolement de l’animal, qui habituellement évolue et chasse en groupe.

Si la cause exacte du décès n’est pas connue, les éléments recueillis indiquent que sa mort n’est pas directement liée à son passage dans la Seine. D’autres analyses en cours pourront servir également à connaitre d’autres éléments comme son origine (génétique), le type d’habitat qu’elle utilisait (isotopes), son exposition aux contaminants, etc.


Premier examen externe avant autopsie complète

Depuis 50 ans, il s’agit du 8ème échouage d’une orque en France métropolitaine et le premier cas en Manche.
Cette espèce est connue et régulière en atlantique, aussi quelques observations suggèrent que des individus transitent par la Manche.

Cette orque restera dans les annales et son squelette rejoindra les collections du Muséum National d’Histoire Naturelle.

Les membres du RNE et services de l’Etat en briefing avant l’autopsie.