À l’origine : une passion naturaliste
L’Observatoire PELAGIS est une Unité Mixte du CNRS et de La Rochelle Université, en partenariat avec le Ministère en charge de l’Écologie. Il résulte du rapprochement en 2011 des activités de suivi des populations de mammifères et d’oiseaux de mer conduites depuis près de 50 ans à La Rochelle par le Centre de Recherche sur les Mammifères Marins (CRMM) et à Chizé par le CEBC (Centre d’Etude Biologique de Chizé, CNRS / La Rochelle Université).
Cet observatoire s’inscrit dans l’histoire des sciences naturalistes à La Rochelle. L’intérêt des savants pour les merveilles de la nature au XVIIIème siècle firent naitre des cabinets de curiosités dans plusieurs villes d’Europe. À La Rochelle, le cabinet de Clément Lafaille (que l’on peut visiter au Muséum d’Histoire Naturelle) est le début d’une longue tradition de naturalistes Rochelais. En léguant sa collection à sa ville natale, Lafaille initie la création du Muséum de la Rochelle en 1791. Suivront des legs réguliers en archéologie, minéralogie, zoologies et botaniques, qui feront de ce muséum de province un des plus importants de France.
En 1961, un nouveau conservateur est nommé à la tête des collections du Muséum : le Dr Raymond Duguy. Médecin et grand naturaliste, il arrive à La Rochelle et découvre la mer. Passionné par les serpents, curieux du vivant, il s’intéresse au littoral et aux mammifères marins lors d’un échouage massif de globicéphales sur l’ile d’Yeu en 1963. Il identifie alors les échouages comme une formidable opportunité pour étudier ces animaux et met en place un réseau d’observateurs pour les recenser le long des côtes atlantiques. Le Réseau National Échouages nait officiellement en 1972 par une convention entre le Muséum d’Histoire Naturelle de La Rochelle et le Muséum National d’Histoire Naturelle à Paris, et il perdure toujours aujourd’hui.
Raymond Duguy crée à la même époque le musée océanographique de La Rochelle (1972) pour développer les collectes et la recherche sur le monde marin et partager ces connaissances avec le public. Il engage des techniciens et, dans les années 1980, encadre les premiers étudiants en thèse travaillant sur la reproduction et l’alimentation des mammifères marins. Ces domaines sont alors peu étudiés en France et le Centre de Recherche sur les Mammifères Marins (CRMM) fait figure de pionnier.
En 1992, le Dr Duguy prend sa retraite. Anne Collet lui succède jusqu’en 2000. Le CRMM vit grâce aux subventions de la Ville qui vient de créer son université (1993). Dès 1996, la ville incite le CRMM à se rapprocher de l’Université et à diversifier ces sources financements. Ce qui sera fait en 2001 avec un nouveau directeur, Vincent Ridoux qui, grâce à des projets européens, l’appui du Ministère en charge de l’Écologie et à des collaborations avec l’Université de La Rochelle ouvre une nouvelle ère pour l’association créée par Raymond Duguy.
Le CRMM intègre l’Université de La Rochelle à partir de 2004 et la qualité de ses collections permet le développement des activités de recherche sur les mammifères marins dans le cadre nouvellement créé du LIENSs, laboratoire interdisciplinaire consacré à l’étude du littoral (Littoral, Environnement et Sociétés ).
En 2011, le CRMM évolue encore une fois. Il devient une Unité Mixte de Service sous la double tutelle du CNRS et de La Rochelle Université. Il s’appelle désormais Observatoire PELAGIS et prend sa forme actuelle. L’Observatoire est chargé de suivre l’état des populations de mammifères marins et plus largement de la mégafaune marine pour soutenir notamment la mise en œuvre des politiques publiques de conservation sur ces espèces.
Le monde change et le besoin de protection des océans se fait plus pressant dans la société civile. La législation européenne sur la conservation des mammifères marins (Directive Habitats Faune Flore ; Directive Cadre Stratégie pour le Milieu Marin), les accords internationaux (Commission baleinière internationale ; Convention sur les espèces migratrices), la création de l’Agence des aires marines protégées puis de l’Office Français de la Biodiversité, nécessitent des données, des analyses et des rapports sur l’état de la biodiversité marine, rôle endossé pour les mammifères marin par l’Observatoire Pelagis.
Depuis janvier 2014, l’Observatoire PELAGIS forme avec l’équipe PREDATEURS MARINS du CEBC un pôle de compétences d’importance internationale pour l’écologie et la conservation des prédateurs marins grâce à un rapprochement étroit des actions d’observatoire, de recherche et d’expertise.
Ainsi, décrire, comprendre puis prédire les effets des changements environnementaux sur ces espèces patrimoniales permet à la fois de conduire des recherches fondamentales et de répondre à aux demandes sociétales concernant la préservation de la biodiversité marine.
Le Dr Duguy serait heureux du chemin parcouru.