Suivi Aérien de la Mégafaune Marine (SAMM)
Ce programme ambitionne de produire un état des lieux de la distribution spatiale de ces espèces dans les eaux métropolitaines, d’estimer l’abondance et d’identifier les habitats préférentiels des cétacés et des oiseaux marins (et plus largement de la mégafaune pélagique) en fonction des saisons. Les scientifiques ont pu également recueillir des informations sur les activités humaines en mer (pêche, trafic maritime, déchets) afin d’apporter des éléments pour évaluer les zones d’interaction avec les activités anthropiques.
Guide méthodologiqueStratégie d’échantillonnage définie par les objectifs
Les campagnes SAMM I, c’est à dire le premier cycle, se sont déroulées sur deux saisons distinctes (hiver 2011/12 et été 2012) sur l’ensemble de la ZEE métropolitaine étendue aux eaux européennes limitrophes (559 000 km²). La zone d’échantillonnage a été découpée en trois strates bathymétriques (relatives aux profondeurs) couvrant le plateau continental, le talus et la plaine abyssale.
Les campagnes SAMM II correspondant au 2ème cycle (7-10 ans après) seront découpées par façade maritime et sont programmées pour 2019 et 2021.
Des résultats inédits et utiles à la conservation
Les campagnes SAMM I ont mobilisé 15 observateurs, 3 avions et leurs pilotes pendant 7 mois. L’effort réalisé (100 000 km et 600 heures d’observation) et le jeu de données obtenus sont inédits. Au cours des deux campagnes, les équipes ont collecté : 3 500 observations de cétacés, 35 000 observations d’oiseaux, 500 observations de tortues marines, 900 observations de requins ou de raies, 4 300 observations de grands poissons (essentiellement des poissons lunes), 2 500 observations de bateaux et 28 000 observations de macro-déchets.
Des espèces marines très mobiles
A partir de ces données, il a été possible de produire des estimations de densité et d’abondance pour les oiseaux et les mammifères marins, ainsi que de modéliser leur distribution (par une approche géostatistique) et leurs habitats préférentiels (modèles d’habitats) en fonction de la saison. Ces résultats confirment que les espèces marines sont très mobiles et qu’elles peuvent occuper des secteurs très différents d’une saison à l’autre. Entre l’hiver et l’été, elles manifestent également des préférences écologiques variées (température, chlorophylle, profondeur…).
Les campagnes SAMM I modifient profondément notre représentation de la distribution des animaux marins. Parmi les résultats les plus surprenants, le grand dauphin, qui était décrit comme une espèce essentiellement côtière en Méditerranée, présente en réalité une distribution hivernale incontestablement hauturière. En Atlantique, les biologistes ont découvert la présence du marsouin commun le long des côtes du golfe de Gascogne en hiver jusqu’au pays Basque et montré une zone forte zone de concentration autour du détroit du Pas-de-Calais. Sa distribution estivale est également une surprise, cet animal que l’on croyait très côtier a été rencontré jusque sur le talus continental au large de la Bretagne.
Les oiseaux marins ont également réservé quelques surprises : les observations de la campagne SAMM I ont montré que la mouette pygmée, dont la présence en hiver était connue en Méditerranée, était en réalité abondante à cette saison, avec une distribution essentiellement océanique.
Globalement, le programme SAMM a révélé les grands schémas saisonniers de distribution pour une vingtaine de groupes d’espèces de cétacés et d’oiseaux marins, ainsi que des tortues et des requins.
Désigner de nouvelles aires marines protégées au large
Les enseignements apportés par SAMM améliorent grandement nos connaissances des cétacés et des oiseaux marins. Ces résultats ont déjà trouvé une première application : ils alimentent le processus de désignation de nouveaux sites Natura 2000 au large et contribuent à l’évaluation du réseau côtier existant et de sa cohérence par rapport à la distribution globale des espèces.