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Désignation de nouvelles zones importantes pour les mammifères marins dans les eaux françaises

Le 14 mars 2024

Le Groupe de travail de l’UICN sur les aires protégées pour les mammifères marins vient d’annoncer la création de 33 nouvelles zones importantes pour les mammifères marins, appelées IMMA (Important Marine Mammals Area). A l’instar des IBAs (Important Bird Areas) pour les oiseaux, les IMMAs sont des portions d’habitat importantes pour la conservation d’espèces de mammifères marins. Il ne s’agit pas de désignation légale, mais d’une évaluation indépendante par des scientifiques à partir des connaissances.

Six de ces nouvelles IMMA se trouvent dans les eaux françaises de la Manche et du golfe de Gascogne. La Méditerranée ayant déjà fait l’objet d’une désignation.

Ces IMMAs représentent le résultat d’un processus d’expertise d’une année. Initié lors d’un atelier scientifique dédié à l’océan Atlantique Nord-Est et la mer Baltique en mai 2023, où les zones candidates ont été proposées et évaluées. Au total, ce début d’années 39 nouvelles IMMA ont été ajoutés à l’atlas en ligne et peuvent désormais être consultées en ligne.

À ce jour, 74% de l’océan mondial a été examiné pour la désignation d’IMMAs, celles-ci représentent 13% des zones étudiées. Les IMMAs se répartissent à 57 % dans les zones économiques exclusives (ZEE) et à 43 % dans les eaux internationales en haute mer. À l’échelle mondiale, il existe aujourd’hui 280 IMMAs et 185 zones d’intérêt (AoI) non retenues à ce stade.

Les scientifiques et les experts du milieu marins appellent désormais les gouvernements à prendre des mesures pour utiliser l’outil IMMA dans l’aménagement de l’espace marin, la création d’aires marines protégées et la réalisation d’études d’impact sur l’environnement.

Depuis 2017, les données collectées par l’Observatoire Pelagis ont été utilisées au cours de 4 ateliers régionaux :  sud-ouest Pacifique, sud-ouest de l’Océan Indien, sud-ouest de l’Atlantique et dernièrement l’Atlantique Nord-Est.

Les zones retenues pour les eaux françaises et avoisinantes de Manche et golfe de Gascogne sont :

– La plaine abyssale pour le nombre important de rorquals communs qui s’y trouvent en période estivale et l’importance de cet habitat pour les cachalots, auquel s’ajoute une diversité importante, avec près d’une douzaine d’espèces de cétacés régulièrement rencontrés.

Rorqual commun. Photo Sophie Laran – Pelagis

– La pente et le bord du plateau du golfe de Gascogne et ses canyons, qui représente une zone productive créant des habitats diversifiés pour au moins 14 espèces de cétacés communément rencontrées, notamment le cachalot et la baleine à bec de Cuvier.

– Le complexe de canyons au sud du golfe de Gascogne, incluant le gouf de Capbreton, se trouvant dans les eaux espagnoles et françaises, très prisé des grands plongeurs tels que le cachalot, et les baleines à bec, cette zone héberge également une diversité de près d’une vingtaine d’espèces.

– Le plateau continental du golfe de Gascogne jusqu’à l’entrée de la Manche qui chaque hiver et début de printemps héberge un nombre très important de dauphins communs et de marsouins communs. Mais également de grands dauphins, hiver comme été ainsi qu’une dizaine d’espèces de mammifères marins rencontrées régulièrement.

– La zone côtière de la Manche ouest désignée pour héberger différents écotypes côtiers de grands dauphins avec notamment le golfe normand-breton.

– et enfin la zone de mer du Nord et l’est de la Manche pour l’abondance importante de marsouins communs au printemps. Mise en évidence notamment lors de la première session de survol du programme MAMO pour le parc marin PNM des estuaires picards et de la mer d’Opale.

Marsouin commun. Photo Gérard Gautier